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MYSTERE DANS LES LABOURS, Un roman Ă  1000 mains
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David GILLE
Ecrit le: mardi 09 octobre 2007, 00:48


Dieu de Cistes.net Membre du CRAB


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Voici une tentative de rédaction d’un "roman à 1000 mains". Pour ceux qui ne connaîtraient pas le principe : il s’agit d’un exercice classique qui consiste, pour le premier intervenant, à commencer le roman, à charge pour les intervenants suivants de le poursuivre, en faisant preuve d’imagination et d’humour.

Mais il y a quelques règles à respecter

- Si vous n'êtes pas sûr de votre orthographe, vous devez absolument passer vos textes au correcteur avant mise en ligne.

- Il faut qu’il y ait un rebondissement logique à la fin de chaque texte.

- Evitez les dialogues ou les descriptions inutiles, qui ne font pas avancer l'histoire. Chacune de vos interventions doit apporter quelque chose Ă  la trame narrative, et la faire Ă©voluer.

- Evitez les "faux rebondissements". Par exemple; si vous Ă©crivez : "Et soudain, ce fut le drame !", c'est Ă  vous d'expliquer de quoi il s'agit. Ne vous reposez pas sur l'intervenant suivant pour inventer une suite, ne lui repassez pas la patate chaude !


Et quelques conseils

- Ne créez pas de nouveaux personnages "inutiles" avant que les personnages précédents aient donné tous leur jus. Il faut absolument résister à cette tentation, sinon le roman n'aura ni queue ni tête.

- Evitez les absurdités. Votre texte doit tenir la route et s'inscrire dans le contexte général.

- Dans la mesure du possible, respectez un style d'écriture "neutre" pour les descriptions et la narration. Mais bien sûr, les dialogues sont libres !

- Respectez la présentation : les dialogues doivent commencer par un tiret. Chaque fois que vous allez à la ligne, ajoutez une ligne de blanc, pour faciliter la fluidité de la lecture.



TRES IMPORTANT : n’interrompez pas le fil de l’histoire en faisant des commentaires. Respectez le travail des auteurs ! Si vous avez des commentaires à faire, faites-les dans le topic «Commentaires sur "MYSTERE DANS LES LABOURS"» ouvert par ailleurs. Merci. C'est ICI.


Si vous avez l'intention d'écrire une suite, et afin que d'autres auteurs ne vous court-circuitent pas, créez une réponse ici-même en y écrivant par exemple :
"Je suis en train d'Ă©crire la suite. Merci d'attendre que je la mette en ligne". Puis, le moment venu, il vous suffira d'effacer cet avertissement et de le remplacer par votre texte.




PHOTOS

Sur Newforez, les textes se justifient automatiquement sur la photo la plus large affichée sur la page. Aussi, si vous rajoutez des illustrations, ne dépassez pas 420 pixels de large (soit 14.82 cm, ou encore 5.833 pouces). Sinon, les internautes qui sont paramétrés en 600 * 800 (il y en a encore pas mal) seront obligés de manipuler un ascenseur horizontal pour lire les textes.


LES PERSONNAGES PRINCIPAUX (à vous d’inventer les autres) :

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LĂ©gende. A gauche Gaston CHAMBIER. A droite, Ernest PICHON.

Gaston, veuf, est un fabricant de cages à lapins à la retraite. Il possède une vache et quelques cochons. Le reste du temps, il est au bistro avec son copain Ernest, maréchal ferrant à la retraite.

Ernest possède « une vache et une femme » comme il dit. Madame PICHON s’appelle Yolande, et n’est pas commode. Ci-dessous, une photo récente.

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LĂ©gende. Yolande Pichon.

Hormis leur goût immodéré pour les liquides alcoolisés, Gaston et Ernest partagent un autre point commun : ils détestent les Cisteurs (surtout les Cisteuses).

Je commence. Ensuite, c’est à vous de trouver une suite.

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Chapitre 1

Comme chaque dimanche après-midi (et les autres jours aussi, d'ailleurs), Gaston Chambier et Ernest Pichon étaient installés à leur table habituelle et se livraient à leur sport favori, la levée de coude.

Au-dessus du bar, la télé diffusait une émission de Michel Drucker. L'animateur, comme à son habitude, gloussait derrière sa main aux vannes de ses invités, ponctuant chaque gloussement d'un "Formidable !", et signifiant par là au bon peuple qu'il convenait de rire parce que c'était drôle.

Chambier et Pichon Ă©taient bon public, et il s'esclaffaient. Gaston commenta :

- Très forts, Shirley et Dino ! Ils me feront mourir de rire ! Bon, ça ne vaut pas Eric et Ramsy ou Omar et Fred. Mais c'est bien quand même...

A cet instant la porte s'ouvrit à la volée, livrant le passage au fils Moulière, un adolescent boutonneux célèbre dans le pays parce qu'il jouait de l'accordéon dans l'orchestre "Ed Clapier Jr. et ses Céréales Killers".

- M'sieur Chambier ! M'sieur Pichon !... Venez vite, la vieille Courtecuisse, elle est en train de crever. Elle veut vous voir !

- Josy Courtecuisse ? demanda Pichon. La bonne du curé ?... Qu'est-ce qu'elle a ?

- Je ne sais pas. Venez vite.

Les deux compères se levèrent et suivirent le gamin. Ils entrèrent dans la maison de Josiane Courtecuisse et se dirigèrent vers la chambre. Les rideaux étaient tirés, et dans la pénombre ils devinèrent une forme allongée. Un pot de chambre se trouvait au pied du lit. Ils le contournèrent avec précaution.

- Josiane ? s'enquit Chambier.

Une petite voix répondit :

- Oui. Venez plus près. Vous avez bien essuyé vos souliers avant d'entrer ?

- Ouais, ouais. Qu'est-ce que tu nous veux ? ronchonna Pichon.

- D'abord, demandez à ce morveux de quitter la pièce. Ce que j'ai à vous dire est confidentiel.

Chambier se tourna vers leur guide :

- Tu as entendu ? Allez, du vent !

Lorsque la porte fut refermée, Josiane Courtecuisse eut une quinte de toux. Puis elle couina :

- Je vais mourir, je le sens...

- Ne dis pas de bêtises, fit Chambier. Tu es plus résistante qu'une va... qu'un boeuf ! Ce n'est pas un rhume qui va te pousser vers le cimetière, allez ! Tu en a vus d'autres !

- Cause pas sans savoir, Gaston. Tu es un imbécile, et Ernest aussi. Mais j'ai une confession à vous faire avant de m'en aller.

- Une confession ?

Josiane prit une profonde inspiration :

- Vous vous souvenez, quand vous êtes revenus du service militaire, vous vous étiez saoulés comme des cosaques...

- Ouais. Et alors ?

- Le matin, on vous a retrouvés dans un fossé, avec une plaie à la tête...

- Ben ouais. Et alors ?...

- C'était moi !... Je vous ai assommés tous les deux avec une bûche alors que vous titubiez sur la route !

Pichon porta sa main au sommet du crâne, là où, il y avait plus de soixante ans, s'élevait une magnifique bosse en dôme. Il pensa : "La sale carne ! c'était donc elle !" A haute voix, il répondit :

- Mais ma très chère Josiane, nous ne t'en voulons pas. Tout ça est oublié ! Pas vrai, Gaston ?

- Pour sûr. On ne va tout de même pas te faire des reproches au moment où tu vas crever, hein ! On n'est pas des bêtes, tout de même !

Pichon demanda :

- Mais pourquoi ?... Pourquoi nous as-tu assommés ?

- Ca, c'est à vous de le trouver ! Vous n'avez qu'à vous creuser le peu de cervelle dont Dieu vous a gratifié dans Son infinie bonté.

Les deux hommes se regardèrent, interloqués.

- Mais bon sang ! s'exclama Pichon. Comment veux-tu qu'on se rappelle de ça ? C'était il y a soixante ans !

- Z'avez qu'à réfléchir, lança leur interlocutrice dans un souffle.

Les deux compères prirent congé, non sans que Chambier eut serré la main de leur hôtesse jusqu'à lui arracher un cri de douleur.

Dehors, ils se regardèrent.

- Tu as une idée de ce qu'on a bien pu lui faire à l'époque ? demanda Pichon.

- Aucune idée. Peut-être nous en voulait-elle parce qu'on ne l'a jamais draguée... Faut dire qu'elle a toujours été remarquablement moche. Même bourré comme un matelas, je ne l'aurais pas touchée !

- Il y a sûrement une raison. Réfléchissons...

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Denis
Ecrit le: mardi 09 octobre 2007, 01:34


Demi Dieu de l'Ordre de la Pie


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Au bout d'un moment, Gaston, au terme d'une profonde réflexion, se manifesta :
- Ernest, ya ben un truc qui me revient...

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woodpecker
Ecrit le: mardi 09 octobre 2007, 07:17


RĂ©volutionnaire piscicole


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-La choucroute de midi? Moi aussi, rassure-toi, répondit Ernest, c'est toujours lourd à digérer ces trucs là........

- Mais noooonnnnn ....... joue pas au plus fin avec moi, Ernest, ça te r'ssemble pas!

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Sap1
Ecrit le: mardi 09 octobre 2007, 11:30


RĂ©volutionnaire piscicole


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- Non... il y a bien cette fois là où tu lui avais regardé son bourrin...

- Son bourrin ? ... Ah oui, cette vieille carne maigre comme un coucou ? Une vraie lanterne cette bourrique. Je sais pas quelle idée ont eu ses parents de lui offrir ce pré-cadavre...

- Ha, tu vois que ça te revient, maintenant !

- Ben oui, maintenant que tu le dis, j'y avais regardé ses sabots. J'étais pas encore complètement maréchal-ferrant, mais comme je travaillais depuis que j'avais 10 ans avec le paternel, j'en avais vu des ferrages. J'avais essayé tant bien que mal de lui remettre ses aplombs, à cette pauvre bête, vu que le paternel était encore couché dans le foin, assommé par toute une escadrille de litrons...

- Ouais, et je crois bien qu'après ça, la bestiole elle a crevé... Peut-être que la Josy elle t'en a voulu et que ça nous a valu à tous deux une bonne bosse sur le crâne et une barre comme un lendemain de cuite...

- Mais c'Ă©tait pas de ma faute, c'est cette bourrique qu'on y voyait Ă  travers, elle a dĂ» tout juste crever de faim m'est avis...

- Ben, je sais bien, mais peut-être que la Courtecuisse était déjà trop con pour comprendre...

Sur cette remarque digne des plus grands philosophes de l'Antiquité, le silence reprit ses droits. Nul n'aurait pu dire si les yeux vides d'expressions des deux compères étaient signe d'une intense réflexion, ou simplement d'une pause dans leur activité cérébrale, bien méritée après ces épuisantes tentatives de faire resurgir des souvenirs vieux de soixante ans à la surface...

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Sap1, 189ème membre de l'Ordre du Hibou, Grand Protecteur des Cistes Etoilées, Dépositaire des Cistes Vendéennes Disparues, Détenteur du Baston d'Alvaronne, inscrit à Cisthématique et chargé du cadastre/annuaire de Saint Marcelin-sur-Poulaire

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David GILLE
Ecrit le: mardi 09 octobre 2007, 12:28


Dieu de Cistes.net Membre du CRAB


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En passant devant un pré à vaches, Pichon chassa quelques mouches qui le harcelaient. Puis il lâcha :

- Non, je ne pense pas que ce soit ça. On n'assomme pas les gens parce qu'une haridelle a crevé. Même la Josy n'est pas assez bête pour faire un truc pareil. M'est avis que c'est autre chose...

- Ben alors, je sais pas. Peut-être que tu l'as regardée de travers, la Courtecuisse !

Ernest Pichon eut un haut-le-coeur et s'offusqua :

- On croit rêver ! Je n'ai jamais regardé la Courtecuisse, ni de face, ni de profil, ni de travers !!!

- Attends, enchaîna-t-il, y a bien quelque chose... Tu te rappelles, quand on avait démoli une partie du mur des Courtecuisse avec la charrette de ton paternel ?...

- Ah oui. On avait trouvé une cassette dans laquelle la Josiane planquait son courrier pour ne pas que ses vieux le trouvent. Je me souviens !

- Exactement. Il y avait des lettres de son soupirant de l'époque, cet animal de Maurice Molard. Qu'est-ce qu'on s'est marré en les lisant, hein !

- Oui. Mais il y avait aussi d'autres lettres, répondit Chambier. C'est sans doute dans l'une d'elles que se trouvait le motif du coup que cette vieille bique nous a mis sur le ciboulot !

- Mais comment a-t-elle su que nous avions trouvé sa cassette ? demanda Pichon en haussant les sourcils.

- Euh, je...

- Quoi ?

- Ben, j'avais fait comme des allusions...

- Bon, cherche pas, ça vient de là ! Mais on ne saura jamais ce qu'il y avait dans les autres lettres. Je ne m'en souviens plus. Ca ne m'avait pas marqué.

Gaston Chambier se gratta la tĂŞte et eut un sourire entendu :

- Ben il suffit de les relire !

- Tu veux dire que tu les as gardées ?

- Oui, mon cadet ! Elles sont quelque part dans mon grenier !

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christounette
Ecrit le: mardi 09 octobre 2007, 13:05


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_ Dans ton grenier? Eh ben allons'y donc mon vieux gars, c'est pour sûr qu'c'est là qu'c'tient la clé du mystère!

Et voilà nos deux compères partis en claudiquant et un brin en biais, vers le fameux grenier...

Mais ce foutu grenier oĂą personne n'a plus remis les pieds, ou autre chose d'ailleurs,, depuis belle lurette, il faut l'atteindre, et lĂ  c'est pas du tout cuit...

_Dis Gaston t'as t'y pas une Ă©chelle pour monter dans c't'estancot?

_Bah j'en ai eu une, mais à c't'heure où qu'elle est, ça je me rappelle pas trop, mais p't'être ben qu'un p'tit gorgeon me raffraîchirait la mémoire?...

_Non d'abord le grenier, et attend, j'crois que ch'ai oĂą en trouver, une, une Ă©chelle...

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"La seule vue d'un sentier à peine ébauché qui coupe le vôtre est cause d'une joie infinie. On se dit: il y en a donc d'autres aussi qui traversent ces solitudes" Louis Gustave Binger
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David GILLE
Ecrit le: mardi 09 octobre 2007, 16:31


Dieu de Cistes.net Membre du CRAB


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- On s'en fout, de l'échelle ! On ne va pas passer le réveillon là-dessus, on a autre chose à faire ! s'énerva Gaston. Allez, fais-moi la courte.

Ernest se mit en position, et Gaston monta sur ses mains aux doigts croisés. Puis il prit appui sur les épaules de son compère et se hissa dans le grenier. En dessous, l'autre ronchonnait sous prétexte qu'il lui avait à moitié arraché une oreille.

Gaston commença à bouger des caisses et des malles, ce qui eut pour effet de faire dégringoler dans la buanderie des nuages de poussière mêlée de crottes de souris. Ernest était environné d'un halo gris et ressemblait à un spectre.

- Bon, ça vient ? aboya-t-il après avoir éternué.

- Ca fait vingt ans que je n'étais pas monté ici, répondit Gaston. Quel fourbi !... Attends, faut encore que je bouge une commode... Tiens, elle est pleine des nippes de ma femme. Je me demande pourquoi j'ai gardé toutes ces cochonneries après sa mort.

- Sans doute dans l'espoir de les vendre !... Bon, ces lettres, tu les trouves ?

- Minute, vieux gars. J'y suis presque.... Oh !...

- Quoi, "Oh" ?... Qu'est-ce que tu as trouvé ?

- La locomotive en bois que je traînais au bout d'une ficelle quand j'étais morveux !

- Ecoute Gaston, on est lĂ  pour trouver les lettres de la Josy, pas pour tes jouets ! Remue-toi, j'ai soif !

- Ah, ça y est, je les ai !


Chapitre 2


Cinq minutes plus tard, dans la cuisine, Ernest triait les lettres pendant que Gaston soignait ses éraflures au mercurochrome : en descendant du grenier, il avait évidement perdu l'équilibre et était tombé de tout son long dans la buanderie.

Ernest avait fait deux tas : d'un côté, les lettres d'amour que Maurice Molard avait envoyé à la Courtecuisse; de l'autre, le reste du courrier. C'est dans cette deuxième pile qu'il espérait trouver ce qui leur avait valu, à Gaston et à lui, de se faire assommer par la Josiane, soixante ans plus tôt.

Il agrippa la bouteille de gnole et en avala une lampée. Puis il rota bruyamment et annonça :

- Je crois que j'ai trouvé !

- Quoi ?

- On n'avait pas pas lu ces lettres en détail à l'époque. Eh bien, je t'annonce que la Josy était fille-mère !... Elle a eu un petit chiard, confié à l'Assistance Publique ! Qu'est-ce que tu dis de ça, mon cadet ? On croit rêver, non ?

- Pas possible ?... rigola Gaston. C'est trop beau pour être vrai ! La bonne du curé, fille-mère !

- Et ce n'est pas tout : j'ai compris qui était ce gosse. Je peux te dire qu'il s'est installé au village à sa majorité. Devine qui c'est ?

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cocodebe
Ecrit le: mardi 09 octobre 2007, 19:19


RĂ©volutionnaire piscicole


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- Ben sacré de bonsoir ! Comment tu veux que je sache ? En plus, j’ai plus vraiment les idées claires à cette heure ! Donc tu me dis qu’il est venu à sa majorité, pour ses 21 ans et il doit avoir entre 60 et 65 ans ….
- Ben ouai, c’est ça !
-Ho sacré non d’une pipe ! Je vois qu’un gars ! C’est-y pas le Germain Poileux ? Notre maire ?
- Ben si !
- Ben alors là mon gaillard ! Ca m’en bouche un coin ! Envoie donc la gnole, que ça me remettre les idées en place.
Gloup, gloup, gloup….
- Et tu sais pas la meilleure ? C’est pas le Germain son père.
- Ben , mais alors qui c’est? Qui a eu le courage de se faire la Josiane avec la tronche qu’elle avait à l’époque ?

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Denis
Ecrit le: mardi 09 octobre 2007, 20:07


Demi Dieu de l'Ordre de la Pie


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- Mais t'es complètement bourré, mon coco ! C'est pas Germain le père, puisque c'est le fils naturel. C'est justement son père au Germain qu'on cherche qui ça pourrait ben être !
Mais t'as raison d'un autre côté, qui c'est qu'aurait ben pu faire une chose pareille, se payer (pas trop cher, je suppose) la Josiane ? Un aveugle ? Un mec bourré, ça c'est du domaine du possible, en plus c'est un peu notre mode de vie, couramment pratiqué cheu nous... Alors t'as pas une idée ?

- Non, quand je suis bourré, je ne me souviens de rien !

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Sap1
Ecrit le: mardi 09 octobre 2007, 20:18


RĂ©volutionnaire piscicole


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Feuilletant le paquet de lettres fripées, Ernest semblait avoir trouvé quelque chose. Ravalant sa salive parfumée au malt, il marqua une pause avant d'annoncer à son compère une nouvelle qui allait enfin changer une longue vie de routine.

- C'est justement là le (hic !) ... 'scuse ... le problème. Elle le précise pas complètement dans sa lettre, et l'encre s'est en grande partie effacée. Tu penses bien qu'elles ont soixante ans ces foutues lettres !! J'arrive à grand peine à comprendre qu'il est question de grange de foin ... de deux p'tis cons pleins comme des outres... Merde, Gaston, tu crois que c'est nous ?

- ...

Gaston, saisi au vol par cette nouvelle aussi abrupte qu'acérée, ne parvint pas à prononcer le moindre son. Après quelques secondes paraissant soudain plus longues que soixante années écoulées, il ne pu bredouiller qu'un ...

- Et... ?

- Attends, je déchiffre... Tu sais que vu ce qu'il reste de ces lettres, c'est une pierre de Rosette qu'il nous faudrait... Regarde là, toute une famille de souris s'est régalée de cette page, il en reste quasiment rien.

- M'enfin, on s'en fiche de ce qu'ont bouffé les mulots, accouche !!!!

- J'y arrive, j'y arrive... Ca parle d'accident, un truc qui serait arrivé à Molard en allant à un rendez-vous galant avec la Josy... Une histoire de foin, donc, et de deux p'tits cons... Une chute du grenier de la grange... D'ambulance et de...

- Attends, attends, le coupa Gaston, t'es quand même pas en train de me dire que c'est à cause de nous que le Maurice a passé toute sa vie dans un fauteuil roulant, et qu'en prime, l'un de nous deux a mis la Courtecuisse en cloque pour qu'elle nous ponde notre maire...

- Ben...

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Denis
Ecrit le: mardi 09 octobre 2007, 20:46


Demi Dieu de l'Ordre de la Pie


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- Ben, rappelle-toi, quand tu labourais...
- Quoi ? Quand je la bourrais ?

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David GILLE
Ecrit le: mardi 09 octobre 2007, 21:01


Dieu de Cistes.net Membre du CRAB


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- Non rien. Faut bien rigoler de temps en temps !

- Je déteste les jeux de mots, tu le sais. Et celui-là en particulier... Si ça se trouve, c'est toi, le dabe du maire !

- Et puis quoi encore ? fit Gaston. Tu me vois faire ça avec la Courtecuisse ?

- Ben peut-être que je t'ai vu faire, mais que j'étais trop bourré pour m'en souvenir, vieux gars ! rigola Ernest.

- Moi, je suis sûr que c'est toi, le père !

Les deux compères se chamaillaient, mais c'était davantage pour meubler le silence que par conviction. En leur for intérieur, Gaston et Ernest se demandaient si, après tout, l'un des deux n'était pas le père biologique de Germain Poileux, maire de St Marcelin-sur-Poulaire.



Le lendemain, lundi, ils se retrouvèrent et poursuivirent leur discussion au bistro, devant un pousse-café.

- Tu sais quoi ? fit Gaston. On devrait faire un test ADN, comme dans les séries à la télé. On saurait alors qui est le père.

- Pour ça, il faut de la salive, du sang, un cheveu ou du sperme. Tu te vois demander au maire de cracher dans un gobelet ? Tu as l'intention de le couper avec ton Laguiole, de lui arracher le dernier tif qu'il a sur le caillou, ou lui demander de... euh...

- Oui, tu as raison, c'est idiot ! concéda Gaston... Et puis, quel intérêt avons-nous de le savoir, hein, je te le demande, hein, dis, dis, hein, dis, dis ?... Germain Poileux ignore qui est son père, et il ignore même que la Josy est sa mère. Celle-là, elle va clamser, et elle ne parlera pas : c'est une pisse-vinaigre, et elle aura peur du scandale, même après sa mort. On laisse tomber.

- Le Germain Poileux, il n'est pas marié et il n'a pas d'enfants. Mais il a une sacrée bonne terre. Quand il mourra, l'un de nous pourrait hériter...

- Arrête de picoler ! répondit Gaston. Quand il mourra, nous, on sera morts depuis longtemps !

- Parle pour toi ! Moi, je vais essayer d'arracher un cheveu au maire. Si j'hérite, tiens, j'offrirai même 5% de la valeur de la terre héritée à Maurice Molard !... Et peut-être même que la mère du maire lui lèguera ses biens. En tant que père du maire, je toucherai alors une partie des terres de la mère du maire. Ca vaut le coup !

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king
  Ecrit le: mardi 09 octobre 2007, 22:00


Demi Dieu de l'Ordre de la Pie


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- Mais dis donc, si tu hérites c'est que tu serais, j'ai bien dit serais le père, en admettant,
avec le prélèvement de ... ce que tu voudras. Mais t'as-t'y donc pensé à la Yolande ?

- T'as raison, voilà que j’ai plus toute ma tête, la bûche à coté c'était de la rigolade ! Tu parles d'un savon qu'elle me passerait la vieille, et pis d'abord, ça pourrait être toi, tu étais bien un des deux petits cons, et ....

- Ah non, je te vois arriver avec tes gros sabots, puis d'abord si tu dis quoi que ce soit, je dirai que c'était ton idée, parce que moi je ne me souviens plus très bien de ce jour là, les autres jours non plus d'ailleurs, et les idées à la con, généralement ce sont les tiennes !


--------------------
Jadis il Ă©tait un roi elfe
Un seigneur de l'arbre et des vallons
Quand l'or Ă©taient les rameaux printaniers
Dans LOTHLORIEN la belle

Du mât à la mer , on le vit s'élancer
Comme la flèche de la corde
Et plonger dans l'eau profonde
Comme la mouette en vol

Le vent Ă©tait dans ses cheveux flottants
Sur lui brillait l'Ă©cume
De loin , ils le virent fort et beau
S'en aller, glissant tel un cygne

Mais de l'ouest n'est venu aucun message
Et sur la rive Citérieure
Nulle nouvelle n'ont plus jamais entendu
Les elfes d'AMROTH




ni bâton renifleur, ni couronne


j'Ă©tais lĂ  ... avant ...maintenant ailleurs, et bien content d'y ĂŞtre !

un roi est passé ....
 
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Sap1
Ecrit le: mardi 09 octobre 2007, 22:44


RĂ©volutionnaire piscicole


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- De toute façon, si on se résume, la seule chose dont on se rappelle c'est qu'on ne se rappelle rien. Trop bourrés, qu'on était. Et tous les deux. Pas un pour rattraper l'autre qu'ils disaient nos pères, juste avant de nous caresser les côtes avec leur ceinture de cuir...

- ... Moi c'était un bâton, corrigea Gaston non sans se frotter le côté machinalement, revivant le contact d'anciens hématomes aujourd'hui relégués au rang de souvenirs.

- Par contre, la Josy, elle, elle était pas bourrée. Déjà pète-sec qu'elle était, jamais une goutte d'alcool !

- Peut-être bien que t'as raison, mais elle nous le dira jamais de toute façon.

- Et pourquoi pas ? Elle nous a dit de chercher, on l'a fait. Maintenant, peut-ĂŞtre qu'elle voudra bien tout nous raconter...

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cocodebe
Ecrit le: mercredi 10 octobre 2007, 05:15


RĂ©volutionnaire piscicole


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- Ouai, t’as raison, allons vite la voir avant qu’elle passe de l’autre côté. Si j’ai pas de réponse, même avec toute la gnole que je m’enfile, j’arriverai pas à dormir.

- Moi non plus. Tu te rends compte, j’ai peut-être un mioche. Moi qui n’ait jamais pu en avoir avec la mère Pichon. Et c’est pas faute d’avoir essayé ! Et dire qu’elle disait que ça venait de moi !

- T’emballe pas, t’es peut- être bien stérile, s’il est de moi le mioche.

- Ouai mais y’a quand même une chance sur deux pour que je sois le père. Arrêtons de parler pour ne rien dire, allons voir la Josiane...

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David GILLE
Ecrit le: mercredi 10 octobre 2007, 09:02


Dieu de Cistes.net Membre du CRAB


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- Oui, tu as raison. Ca fait vingt minutes qu'on dit : "C'est peut-être toi, c'est peut-être moi", et "allons voir la Josy". On se répète ! Ca devient lassant, et ça ne fait pas avancer le schmilblick ! Allez, en route !

Ils franchirent la porte et se dirigèrent vers la rue de l'Etourneau, là où se trouvait la maison de Josiane Courtecuisse. Alors qu'ils arrivaient sur la place du marché, Gaston Chambier se figea soudain :

- Vieux gars, tu vois ce que je vois ?...

- Quoi donc ?

Avec sa pipe, Chambier pointa en direction de la quincaillerie :

- LĂ , devant chez Louis. Avec le manteau beige et le cabas !...

- Mais... c'est la Josiane !!! Qu'est-ce qu'elle fiche lĂ  ? Je croyais qu'elle Ă©tait en train de mortibusser !

- Ben elle n'est pas mortibus du tout ! Elle tient même une sacrée forme, si tu veux mon avis !

- Ca alors, on croit rêver ! Ou alors elle a pris un médicament vachement efficace, ou alors elle s'est fichue de nous, la vieille carne ! Allons lui demander des explications !

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David GILLE
Ecrit le: mercredi 10 octobre 2007, 11:08


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- Oui, mais pas un mot au sujet des lettres, hein ! dit Chambier. Elle ignore que je les ai conservées. Je n'ai pas envie qu'elle me fiche un coup de filet à provisions à travers la tronche !

Ils se dirigèrent d'un pas ferme vers Josiane Courtecuisse.

- Te voilĂ  bien guillerette pour une mourante ! l'apostropha Ernest.

Josiane Courtecuisse ne se laissa pas désarçonner. D'une voix parfaitement calme, elle répondit en souriant :

- Je me sens bien mieux, Ernest. Merci de t'être inquiété pour moi !

- Tu avais l'air d'une vache qui a bouffé du trèfle ! Et maintenant, tu fais tes commissions ? lâcha Gaston.

- Il n'y a aucune maladie dont une bonne infusion de sureau ne vienne Ă  bout !

Ernest et Gaston se regardèrent.

- Une infusion de sureau ? Dis voir, tu te fiches de nous, Josiane ?

- Pas du tout ! J'en prends tous les jours... Mais j'avoue que je suis fatiguée, je n'ai plus mes jambes de vingt ans, vous savez. J'ai de plus en plus de mal à faire le ménage chez monsieur le curé. On ne rajeunit pas, allez.

- Tu devrais te procurer une de ces chaises roulantes électriques, suggéra Gaston.

- Oui, tu sais, comme celle du père Molard, ajouta finement Ernest. Au fait, qu'est-ce qui lui est arrivé dans sa jeunesse, au Maurice Molard ? On n'a jamais su, au juste...

- Il lui est arrivé qu'il est tombé du grenier de la grange de ses parents. Voilà ce qu'il lui est arrivé ! Tout le monde le sait dans le pays, mais pas vous deux ?

Gaston et Ernest demeurèrent silencieux pendant quelques instants. Un coup de vent coulis balaya les feuilles mortes sur la place du marché et s'immisça sous les vêtements. Chambier et Pichon relevèrent instinctivement le col de leurs vestes, et Josiane Courtecuisse rabattit frileusement les pans de son manteau contre ses jambes. Chambier attendit que s'éloigne le vacarme d'une motocyclette en échappement libre, puis demanda :

- Il est tombé du grenier vers minuit, à ce qu'on racontait à l'époque. Qu'est-ce qu'il fichait dans la grange de ses parents à minuit ?

Josiane Courtecuisse le fusilla du regard et grinça :

- Tu n'as qu'Ă  aller le lui demander !

Elle laissa passer quelques secondes et ajouta :

- Bon, ce n'est pas tout, mais j'ai à faire... Au fait, vous avez trouvé pourquoi je vous ai mis un coup de bûche sur la tête, il y a soixante ans ?

- Euh... non ! mentit Chambier. Tu ne veux pas nous donner un petit indice ?

- Un indice ? Volontiers.

Elle le regarda droit dans les yeux et ajouta :

- Vous deux, vous avez ruiné mon existence !... Maintenant, débrouillez-vous avec ça. Adieu.

La main sur le coeur, penché vers son interlocutrice, Chambier fit mine de sursauter. La voix chargée d'une tonne d'hypocrisie, il s'exclama :

- Nous ?... Nous avons ruiné ton existence ?... Mais comment peux-tu...

Josiane Courtecuisse l'interrompit d'un geste :

- Dans mon cabas, il y a le nouveau fer à repasser que Louis vient de me vendre. Il est bien lourd. J'aime les fers à repasser lourds, car, vois-tu, c'est ce qu'il y a de mieux pour repasser les soutanes... Alors ne dis plus rien, sinon, dans une minute, ton crâne vide sera orné d'une nouvelle bosse, cousine germaine de celle d'il y a soixante ans !

Chambier recula prudemment d'un mètre. Pichon demanda :

- Alors juste une dernière question, Josiane : acré vingt-dieux, pourquoi nous as-tu joué cette comédie de la mourante, hier ?

- Je n'allais tout de même pas vous dire, comme ça, de but en blanc, dans la rue : "Dites, vous savez quoi ? c'est moi qui vous ai assaisonné l'occiput il y a soixante ans !" Je vous connais, vous êtes des vicieux et des violents. Et alcooliques !... Qui sait si vous ne m'auriez pas frappée ? Mais même des mécréants comme vous ne frapperaient pas une mourante. Voilà pourquoi ! Maintenant, écartez-vous, que je puisse rentrer chez moi.

Après un passage au bistro, où ils traînèrent jusqu'à 19 H, Chambier et Pichon décidèrent que la nuit portant conseil, il valait mieux regagner leurs pénates.

Durant la nuit, Chambier fut réveillé plusieurs fois par ses propres ronflements. Quant à Pichon, qui avait repris quatre fois du petit salé, il fit un cauchemar délirant où il était question de soucoupes volantes, de pumas dans les betteraves et d'estafette de la gendarmerie qui tractait des parachutes. Yolande Pichon secoua son mari alors qu'il hurlait : "Gaston, au secours !". Un Alka-Seltzer plus tard, il se rendormait du sommeil de l'injuste.

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cocodebe
Ecrit le: mercredi 10 octobre 2007, 17:30


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En plus du cauchemar délirant, il rêva (chose encore plus surprenante quand on connaît Pichon) de bébé. Il le faisait sauter sur son ventre, lui faisait des chatouilles, puis l’enfant grandissant lui apprenait à conduire le tracteur, l’amenait à la pêche (oui,oui, à la pèche !)…. Un rêve complètement farfelu quoi.

Au réveil, il était encore plus fatigué que la veille. La Yolande voulu savoir ce qui le tracassait, mais il l’envoya bouler avant de prendre la route pour s’en retourner voir le Gaston et le convaincre de s’en retourner voir la Josiane pour tirer ces affaires au clair. Et s’il fallait lui tirer les vers du nez, il était prêt à le faire…

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David GILLE
Ecrit le: mercredi 10 octobre 2007, 17:49


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Lorsqu'il retrouva son compère attablé devant un Guignolet, il lui fit part de son idée : forcer cette vieille bique à parler, et à leur dire en face ce qui s'était passé, cette fameuse nuit.

- La faire parler ? rigola Gaston. Autant essayer de faire parler une mule ! Tu as bien vu ce qu'elle cherchait : que nous reconnaissions nos torts !

- Ben alors, que suggères-tu ?

Gaston approcha sa chaise et se pencha en avant. Avec un air de conspirateur, il répondit :

- On pourrait peut-ĂŞtre faire chanter Germain Poileux !

- Je l'ai entendu chanter Ă  la fĂŞte du 14 juillet dernier. Il chante comme une casserole !... Et pourquoi devrait-il se mettre Ă  chanter ?

- Mais non, imbécile ! Je parle de chantage, pas de chansons ! On lui fait comprendre que nous savons qui sont ses parents, et en échange, il nous file cinq mille euros. Ca vaut bien ça. On aurait de quoi picoler pendant six mois !

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Denis
Ecrit le: mercredi 10 octobre 2007, 18:08


Demi Dieu de l'Ordre de la Pie


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- Noon... Mon vieux Gaston, j'ai même plus envie de picoler... Le rêve de cette nuit m'a tout chamboulé, les soucoupes volantes et les hélicoptères Puma de la gendarmerie à leur poursuite au-dessus du champ de betteraves... Non, je te le dis, je crois que c'était un rêve près de mon histoire...

- Ernest, elle est pas prĂŞte, ton histoire. Qu'est-ce que nous chante, lĂ  ?

- Ben je te dis qu'il y a des soucoupes volantes qui vont atterrir d'ici peu... C'est comme je te le dis, et je sais ce que je pense !
Ah ! tu feras moins le malin, quand elles seront lĂ  !

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Sap1
Ecrit le: mercredi 10 octobre 2007, 18:09


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- Ha d'accord, "prémonitoire"...

- Ben oui, c'est ce que j'ai dit...

- Si tu veux, concéda Pichon pour ne pas froisser son ami que le Guignolet semblait avoir autant fatigué que sa nuit... Toujours est-il que je ne vois pas ce que vient faire ton rêve dans notre problème. Je te rappelle qu'on a peut-être une tentative de meurtre et un viol sur les bras, sans parler de l'adultère... Et cet animal qui me parle de petits hommes verts et de corruption de fonctionnaire... rajouta-t-il à l'intention d'un deuxième verre déjà à moitié vide. Non, je ne vois que deux choses. Ou on force cette vieille bique à tout nous raconter...

- Mais on a déjà dit...

- Arrête de me couper, s'emporta Ernest, que manifestement ces sombres révélations troublaient plus que son compère. Je sais bien ce qu'on a dit. Mais peut-être que si on lui dit qu'on ne peut pas reconnaître nos torts si on ne les connaît pas, ça la décidera à nous dire ce qu'elle nous reproche.

- Et si elle s'entĂŞte ?

- Et bien, il sera toujours temps d'aller demander au père Molard. Après tout, lui aussi était là ce soir là, puisqu'il est tombé du grenier...

Visiblement très satisfait de cette idée, Ernest saisit son ami par un carreau de sa manche, le força à couvrir ses rares cheveux d'un gris blanchi de sa gâpette et à reposer un ultime verre d'alcool ingurgité in extremis. Comme ils sortaient du "Aux Deux Piliers" après en avoir salué le patron Albert Dufermage, l'église de Saint Marcelin-sur-Poulaire sonnait son dixième coup. Et c'est d'un pas décidé, quoique déjà légèrement titubant, qu'ils partirent vers le bas du village en direction du 10 de la Rue de l'Etourneau, où ils comptaient bien en découdre une bonne fois pour toutes avec ces énigmes...

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Sap1, 189ème membre de l'Ordre du Hibou, Grand Protecteur des Cistes Etoilées, Dépositaire des Cistes Vendéennes Disparues, Détenteur du Baston d'Alvaronne, inscrit à Cisthématique et chargé du cadastre/annuaire de Saint Marcelin-sur-Poulaire

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Sap1
Ecrit le: mercredi 10 octobre 2007, 18:53


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La marche le long des rues pavées se déroula sans aucun commentaire, les deux hommes appréhendant de concert la réaction de celle qui leur avait lancé ce défi de mémoire autant que d'honneur. Quand enfin ils arrivèrent devant la maison de Josiane Courtecuisse, ils découvrirent une porte close que leur impolitesse leur permit d'ouvrir sans qu'une quelconque permission pour le faire ne fut nécessaire.

C'est ainsi qu'ils découvrirent la vieille femme sanglotant à genoux près du téléphone, dont le combiné laissait encore s'échapper un 'tuuuuut' aussi entêtant que régulier. Nul n'aurait pu dire depuis combien de temps Josy était dans cette position, mais les larmes avaient déjà largement eu le temps d'humidifier son visage et sa robe.

- Josy, il faut qu... commença Gaston avec sa délicatesse habituelle.

Il n'eut pas le temps d'ajouter une seule syllabe, interrompu par le choc que fit ledit combiné - qui, débranché, s'était entre-temps tu - contre son ventre rebondi, alors que dans le même temps, l'oeil droit d'Ernest se voyait gratifié du fil téléphonique.

- SORTEZ DE MA MAISON, JE NE VEUX PLUS VOUS VOIR !

- Mais, Josy... tenta de placer Ernest sur un ton calme comme le village ne lui en avait jamais connu.

- DEHORS !!!!!! hurla la femme, rouge de colère. Sortez de ma vie ! termina-t-elle en s'écroulant dans un bain de larmes.

Une fois dehors, Pichon et Chambier se regardèrent. Quel qu'ait pu être leur entretien avec "la Josy", ils ne pensaient quand même pas se faire jeter dehors avant même d'avoir pu ouvrir la bouche.

- Bon, plan B ! tenta Ernest dans un soupir.

- Plan B, tu veux dire, Molard ? Je sais mĂŞme pas s'il est encore en vie...

- Si, je crois bien que je l'ai vu il y a pas deux semaines en passant devant "Gouillette". On y va ?

Et sans qu'ils n'eurent besoin d'une réponse, ils partirent vers la maison de retraite - celle dont le nom rendait hommage à l'un des chefs-d'oeuvre de l'écran noir et blanc - toute proche. Mais en chemin, ils croisèrent un cortège composé d'une vingtaine de personnes en noir, sanglottantes pour la plupart d'entre elles, et suivant un corbillard décoré à la hâte de quelques fleurs...

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castafiore
Ecrit le: mercredi 10 octobre 2007, 22:08


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Ernest Ă´ta sa casquette.
- Qui est-ce qu'on enterre ? demanda-t-il.
- J'en sais fichtre rien, répondit Gaston.

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Participe à la promotion de Cisthématique : 200 nouveaux abonnés à Noël... et plus si affinités...
La marquise demanda sa voiture et se mit au lit.
Lectrice émerveillée de "Mystères dans les labours"
J'ai adopté la BAttitude et clique où il faut quand il faut.
http://www.weblettres.net/blogs/index.php?...capdebonneesper
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king
  Ecrit le: mercredi 10 octobre 2007, 22:31


Demi Dieu de l'Ordre de la Pie


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- Ce coup ci, on va la jouer fine, reprit Ernest, tout en Soupleix mon Raymond !

- J'aurai préféré Maigret, on aurait fait monter deux sandouiches et deux demis, inspecteur Pichon ...

La dessus ils étouffèrent un rire, qui ne passa pas inaperçu aux yeux de l'abbé Tysumène qui marchait en tête du cortège, juste derrière le corbillard escorté de deux enfants de chœurs, étrillés sur la volée, lorsqu'à leurs tours ils rirent devant les deux débris !
Les deux comparses, les vieux, se revirent une fraction de seconde soixante-dix ans en arrière, usant leurs fonds de culotte à coté des fonds baptismaux et eurent un mouvement de recul lors de la distribution de calottes du curé sur les deux mômes.

- Ca au moins ça n'a pas changé, soupira le Gaston ...

- Oui, tu l'as dit, ronchonna Ernest en se caressant la joue, mais regarde bien, qui c'est qui défile derrière le cercueil ?

- Ben il y a l'Inès Perret la femme du maréchal des logis chef de la gendarmerie, Omar Chécouver l'épicier du coin, Antonin Couplet (chanteur vedette des "Céréales Killers"), le docteur Tchékoff (surnommé le docteur honoris cosaque, à cause de ses tournées à cheval, ses descentes de vodka et ses remontés d'huile), quelques pleureuses officielles , "les trois grâces" (trois grenouilles de bénitier ainsi nommées car elles assuraient la partie musicale de la paroisse), mais celui-là, avec son col relevé qui soutient la pin-up avec une voilette, on ne les a jamais vu dans le pays !

- T'as raison mon cadet, mais regardes derrière, là bas, la grosse montbéliarde ... ça doit être à eux !

- Limousine ahuri !!!

- Oui, moi tu sais les marques .... Mais regardes le chauffeur, je le connais, je l'ai déjà vu mais où ??


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Jadis il Ă©tait un roi elfe
Un seigneur de l'arbre et des vallons
Quand l'or Ă©taient les rameaux printaniers
Dans LOTHLORIEN la belle

Du mât à la mer , on le vit s'élancer
Comme la flèche de la corde
Et plonger dans l'eau profonde
Comme la mouette en vol

Le vent Ă©tait dans ses cheveux flottants
Sur lui brillait l'Ă©cume
De loin , ils le virent fort et beau
S'en aller, glissant tel un cygne

Mais de l'ouest n'est venu aucun message
Et sur la rive Citérieure
Nulle nouvelle n'ont plus jamais entendu
Les elfes d'AMROTH




ni bâton renifleur, ni couronne


j'Ă©tais lĂ  ... avant ...maintenant ailleurs, et bien content d'y ĂŞtre !

un roi est passé ....
 
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David GILLE
Ecrit le: jeudi 11 octobre 2007, 00:02


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- Cherche pas : c'est Augustin Molard, le fils cadet des Molard, c'est-à-dire le frère de Maurice. Comme les vieux Molard sont morts depuis longtemps, eh ben il n'est pas trop difficile de deviner qui se trouve dans la boîte en ce moment !

- Tu veux dire que c'est Maurice ?...

- Ben oui. Et c'est ce qui explique les pleurs de cette vieille peau de Josiane ! Après tout ce temps, elle était encore amoureuse de lui. Ah, les fumelles ! On croit rêver !

- Alors on arrive trop tard pour l'interroger. Zut alors !

Chambier et Pichon revinrent sur leurs pas. Ils restèrent cois, se bornant à shooter dans les cailloux. Arrivés au croisement des routes de St Marcelin-sur-Poulaire et de Piqueton-lez-Genêts, Pichon pointa l'index vers le fossé :

- Tu te souviens, mon cadet ? C'est là qu'on s'est réveillé, il y a soixante ans, le crâne en compote...

- Ouais, elle avait une sacré poigne, cette bique de Josy !

- Résumons : nous savons que Josiane est la mère biologique de notre élu local, Germain Poileux. Nous savons aussi que l'un de nous deux est son père biologique. Enfin, nous savons que la conception de Germain s'est faite sur un tas de foin, euh... vraisemblablement sans l'assentiment de la future maman.

- Comment ça, "vraisemblablement" ?... Si c'était l'un de nous, tu imagines peut-être qu'on lui aurait demandé la permission, vu que dans ce cas on aurait su ce qu'on faisait ? Et si on avait su ce qu'on faisait, tu crois qu'on se serait attaqué à une mocheté comme Josiane ? On a sa dignité, tout de même ! Même les chiens aboient sur son passage !... Conclusion : on était pleins comme des vaches et on ne savait plus ce qu'on faisait !

- Et il reste cette histoire d'accident ayant entraîné le handicap de Maurice Molard. Il est tombé du grenier. Peut-être en volant au secours de la Josiane...

- 'Voler" est le mot juste, commenta Ernest, sans se rendre compte de la monstruosité de ses paroles.

Ils prirent le chemin des "Deux Piliers", bien décidés à stimuler leurs neurones par l'ingestion de quelques godets bien tassés.

Chambier avait beau retourner le problème dans tous les sens, il savait que Josiane Courtecuisse, par peur du scandale, ne reconnaîtrait jamais avoir donné naissance à un enfant illégitime. Il n'imaginait pas non plus d'aller voir le maire en disant : "Dis donc, Germain, on a découvert qui est ton père : c'est Ernest ou moi. Quant à ta mère, c'est la bonne du curé, Josiane Courtecuisse !". Germain Poileux était capable de leur mettre un coup de fourche sous prétexte qu'ils avaient un jour violé sa maman, maman dont il ignorait tout jusque-là !

Pichon, quant à lui, pensait à la réaction de Yolande si elle apprenait que son mari avait peut-être engrossé Josiane soixante ans plus tôt. Cette perspective envoya une vague de frissons de terreur le long de sa colonne vertébrale.

Dans les semaines qui suivirent, les deux compères plongèrent dans une sorte de dépression dont même l'alcool ne parvenait pas à les tirer. A la vue du maire et de la bonne du curé, ils avaient une boule à l'estomac et changeaient de trottoir. Peu à peu, ils comprirent la démoniaque vengeance de Yolande Courtecuisse : elle leur avait fait comprendre que l'un d'eux pouvait être le père de Germain Poileux, mais ils ne sauraient jamais lequel. Cette ignorance terrible mettait en danger leur amitié, car chacun d'eux l'espérait et le craignait à la fois. Et pour tarauder leur conscience encore d'avantage, ils se savaient indirectement responsables du handicap qui avait frappé Maurice Molard, mais ignoraient - et ignoreraient toujours - ce qui c'était passé au juste cette nuit-là.

La neurasthénie les guettait, lorsque, heureusement, un événement extraordinaire remua St Marcelin-sur-Poulaire, et leur fit oublier momentanément toute cette histoire.


Chapitre 3

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Sap1
Ecrit le: jeudi 11 octobre 2007, 15:43


RĂ©volutionnaire piscicole


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Vers le milieu du mois de juin, alors qu'ils venaient d'aller vérifier leurs collets à lapins, les deux inséparables découvrirent une agitation telle que n'en avait pas connue Saint Marcelin-sur-Poulaire depuis qu'ils avaient remplacé les cuves d'engrais par du gasoil, gâchant ainsi la récolte de blé de 1995.

Les environs de la Place de la Libération étaient rendus quasiment inaccessibles par une foule de badauds venus s'enquérir des derniers évènements qui avaient secoué la ville.

Au milieu de la foule qui commençait à peine à se disperser se trouvait Alphonse Dupoilon, le chef des pompiers du canton de Grimouillis-sur-Orge, mais qui n’en était pas moins un authentique Marcepoulairois. Lorsqu’il aperçut nos deux hommes, dont les yeux – pour une fois expressifs – trahissaient une ignorance complète de ce qu’il s’était passé dans la matinée, il prit une mine grave et désolée et, s'approchant d’eux, leur dit :

- Je suis sincèrement désolé, messieurs, mais le bar d’Albert a en partie brûlé…

- QUOI !?! s’écrièrent de concert les deux ancêtres. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? ajoutèrent-ils d’une seule voix, habitués par toute une vie commune de levées de coude.

- On… on ne sait pas exactement, bredouilla le chef des pompiers. La caserne de Grimouillis a reçut un coup de fil tôt dans la matinée annonçant qu’un incendie débutait « Aux Deux Piliers ».

Ernest Pichon fut le premier à ravaler sa salive dans une gorge qu’il voyait déjà sèche pour le restant de ses jours : « Pour une fois qu’on ne s’y trouvait pas, c’est une chance… ».

- Une malédiction, tu veux dire ! corrigea immédiatement Gaston. On vient tous les matins à l’ouverture de ce bar depuis au moins 40 ans pour se rincer la glotte, et pour une fois qu’on cherche une activité saine loin des tracas de… enfin, loin des tracas quotidiens, le bar flambe… C’est forcément criminel !!! Est-ce que quelqu’un a alerté le père Perret au moins ?

Comme pour répondre à une question triviale, Julien Perret, maréchal des logis et chef de la gendarmerie, choisit cet instant pour apparaître. Il s’en serait toutefois bien gardé s’il avait su prévoir la fureur dans laquelle se mirent Chambier et Pichon à sa vue…

- Comment se fait-il que des bars crament comme ça au matin ? beugla le premier

- Que fait la police contre les délinquants pires au magne ? aboya le second

Au milieu du tumulte que faisait la foule déchaînée – pourtant composée des seuls deux vieux – le maréchal des logis parvint tout de même à caser une question fatidique : « Dites donc, vous deux, au lieu de me sauter sur le râble, où étiez-vous ce matin entre 6 et 7 heures ? ».

D’abord abasourdis par cette accusation lancée à brûle-pourpoint, les deux octogénaires enragés sautèrent bientôt à la gorge du chef de la gendarmerie, et l’aurait bien volontiers occis si le pompier et le patron du bar ne les avaient pas ceinturés.

A la vue d’Albert Dufermage, les deux hommes retrouvèrent pourtant leur calme, juste une seconde avant de tomber en sanglots, comme réalisant soudain la perte d’un être cher. Le maréchal des logis, frottant son cou rougi par la pression encore ferme de vingt doigts fripés, demanda alors :

- Ben qu’est-ce qu’ils ont tout à coup ???

- Tu sais, Julien, mon bar était comme leur maison. Ils passaient d’ailleurs plus de temps chez moi que chez eux. C’est même en leur honneur que mon troquet porte ce nom : quand le vieux Siméon, qui partait à la retraite, m’a vendu son fond de commerce, il m’a dit « Tiens, je te livre ces deux pochards avec. De toute façon, ils représentent à eux seuls la moitié des ventes. Sans eux, je ne suis même pas sûr que ce commerce serait viable ». Et effectivement, ça fait bientôt 18 ans que je suis patron des « Deux Piliers », et jusqu’à ce matin, ils n’avaient jamais manqué un rendez-vous avec leur table…

Puis, après un court temps de pause favorable à la réflexion, Albert Dufermage ajouta à l’intention des chefs de la gendarmerie et des pompiers : « C’est peut-être un détail, mais Alphonse, tu m’as bien dit que le feu avait dû partir de là… Car c’est justement là que se trouvait la table en question… »

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David GILLE
Ecrit le: jeudi 11 octobre 2007, 17:35


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En entendant ces mots, Pichon ôta ses lunettes, les tendit à Chambier et se pinça l'arête du nez. Il marcha vers Alphonse Dupoilon, le chef des pompiers. Avec un calme sous lequel on sentait pourtant monter la lave, il demanda :

- Tu as dit quoi, à Albert ?... Tu veux bien répéter, pour voir ?

Dupoilon recula prudemment et répondit :

- Calme-toi, Ernest ! Je n'ai pas dit que vous aviez mis le feu, j'ai dit que le feu s'était déclaré à hauteur de votre table. L'enquête le démontrera, ça ne fait pas un pli. Mais c'est tout... On connaît des cas de combustion spontanée due aux produits d'entretien qui réagissent. Si ça se trouve, c'est comme ça que votre table a commencé à cramer... Si toi et Gaston, vous étiez chez vous entre six et sept heures, vous êtes hors de cause.

- Bien sûr que nous étions chez nous ! Où aurais-tu voulu qu'on soit ? En train de chasser la baleine, de peigner une girafe, de déjeuner avec la reine d'Angleterre, de briquer le pont du porte-avions Charles-de-Gaulle ? Ou... euh... de poser des collets à lapins ? On a chacun des bêtes à nourrir et une vache à traire ! Et comment voudrais-tu qu'on fiche le feu à un établissement fermé à cette heure, tu peux me le dire ?... C'est vraiment pas la peine d'avoir passé ton certificat d'études pour être aussi con. On croit rêver !

Le maréchal des logis Julien Perret, estimant que l'on empiétait sur son territoire, voulut se mêler à la discussion. Mais avant qu'il n'ait eu le temps d'ouvrir la bouche, Gaston Chambier l'apostropha :

- Perret, vous n'êtes pas d'ici. Vous avez été muté chez nous, et nous vous avons accueilli, vous et votre dame, pour que vous vous occupiez des voleurs de poules. Alors commencez votre enquête et trouvez l'épouvantable criminel qui a fait ça...

D'un ample geste du bras, il désigna les "Deux Piliers" d'où s'échappaient encore quelques volutes, comme les fumeroles d'un cratère.

- Mais en silence, hein ! ajouta-t-il.

Il se tourna vers Albert Dufermage, et demanda :

- Dis donc, Albert, tu étais assuré ?

- Oui. Mais pas contre la perte d'exploitation. Ca va ĂŞtre dur... Ca va prendre des mois !

- Des mois ?... fit Pichon. Tu n'y penses pas ! Voilà ce qu'on va faire : tu vas transbahuter tout ce qui reste de ton fourbi dans ma grange. Elle a quatre murs et l'électricité. On va donc installer provisoirement les "Deux Piliers" chez moi, en attendant que tu puisses réouvrir. Et n'oublie pas le stock, hein ! Pour fêter ça, on va faire une bonne grosse fête, en invitant tout le village !

- Bonne idée, l'ancien ! acquiesça Chambier.

Le maréchal des logis Perret, inconscient jusqu'à la témérité, crut bon de mettre son grain de sel dans le débat :

- Ah mais non, mais non, ça ne marche pas comme ça ! Pas du tout, même !... Il faut une autorisation officielle de la préfecture, après vérification de la conformité des lieux avec les règles de sécurité. On ne transfère pas une licence de café comme une paire de chaussettes ! Il faut aussi l'autorisation de la mairie...

Chambier et Pichon se regardèrent et échangèrent un clin d'oeil.

- Le maire, c'est un intime ! fit Chambier.

Perret voulut poursuivre sa litanie administrative, mais Pichon l'interrompit d'un "TA GUEULE !" aussi abrupt qu'efficace.

Dès le lendemain, tous les hommes valides du village transportèrent ce qui restait des "Deux Piliers" dans la grange des Pichon. Pendant que les femmes confectionnaient des lampions et des guirlandes, les hommes réinstallèrent le bar, les tables et les chaises qui avaient survécu. L'endroit prit un air pimpant.

Il fut décidé que la fête aurait lieu le samedi suivant. La boucherie Alemery promit d'offrir trente kilos de charcuteries et un jambon pour la tombola. La boulangerie "Le Mitron" promit d'offrir les miches. Le salon de coiffure "Tiff-Annie" promit une mise en plis gratuite.

On n'oublia pas d'inviter les Abdul-Ben-Moussah, un jeune couple marocain qui venait tout juste de s'installer dans le village avec ses quatre enfants, Brandon, Kevin, Dylan et Britney; ainsi que monsieur le curé Manganate et l'abbé Tysumène (l'abbé Nedixion, de Piqueton-lez-Genêts, invité lui aussi, n'était pas libre).

Enfin, on avait convié deux orchestres, "Ed Clapier Jr. et ses Céréales Killers", bien sûr, mais aussi "The Mamayes and the Papayes", un groupe de Grimouillis-sur-Orge, virtuose du concertina.

Pour une belle fĂŞte, ce serait une belle fĂŞte !

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Denis
Ecrit le: jeudi 11 octobre 2007, 22:15


Demi Dieu de l'Ordre de la Pie


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On avait fait en sorte qu'on ne reconnaisse plus la grange bordélique et dégueulasse. C'était même mieux que le bar des deux piliers, c'était quasiment un temple !
Dans le fond, sur une ancienne mangeoire à bestiaux, on avait installé comme des reliques, les tables de nos deux compères, sauvées in extremis de l'incendie par Alphonse, le chef des sapeurs-pompiers. Depuis elles sont restées dans la mémoire des hommes sous le nom des célèbres tables alphonsines !

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king
  Ecrit le: jeudi 11 octobre 2007, 22:25


Demi Dieu de l'Ordre de la Pie


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- "Une bonne partie du village s'affairait à déplier les tréteaux et installer les chaises en vue de l'ouverture officieusement officielle en présence du sous officieux, ciel, officier, ah non monsieur Gaston, j'en peux plus, j'ai un papier à finir pour la gazette, ça fait le quatrième que vous me servez, vous me faites tromper d'erreur, je n'y arriverai pas ... et en plus la cérémonie n'a pas encore commencée !

- Rien dans le gilet la bleusaille ! dit Gaston en se resservant une bolée, pis d'abord c'est quel canard qui nous vaut cet honneur ???

- Cistématix , vous savez vous êtes déjà célèbres dans notre journal !

- Ah bon ? T’entends ça l'Ernest ? Il parait qu'on est connu ailleurs, plus loin que les limites du canton ! Ben continue mon gars !

Arrivait alors le maire, essoufflé, à la table des compères.

- J'ai une mauvaise nouvelle, on ne sait pas oĂą est le Clapier !

- Dis morveux, ça fait trois lustres qu'il est adossé à la grange le clapier, ne me dis pas que vous l'avez déplacé ou perdu ??

- Non, rétorqua Germain, le Clapier qui joue de la musique ! Et les Mamayes et Papayes veulent leur cachet et...

- Eh mon Germain, t'as picolé ??? Le cachet prends-en un aussi avant que les ananas arrivent ! Gloussa Ernest.

- Non, non !! Je vous explique ...

- Ah, ben s'il n'y a que ça, tu nous aurais dit que vous n'aviez pas trouvé de bons musiciens, on aurait pigé plus vite. Ce n’est pas grave, renchéri Gaston, tu as les meilleurs devant toi !
Trompette Gaston Chambier, quatorzième régiment de chasseurs alpins, au rapport mon ad ...administrateur !

- Première classe Ernest Pichon, fourrier, au douzième régiment de spahis, et j'ai mon bugle !

- C'est ça et moi je vais jouer de la mandoline ? répondit Germain mi fugue- mi raison.

- Moi, je dis que c'est beau la mandoline, pis Ă  ce qui parait que tu as un beau brin de voix !

C'est Ă  ce moment lĂ  que le tambour de ville, garde-champĂŞtre Anatole, passait devant la grange ...

- Il ne manquait plus que toi Anatole, il est bien gonflé ton tambour ? On fait baloche tout à l'heure !

- Messieurs, vous n'y pensez pas sérieusement tout de même ? S’étonna, enfin quoique, Germain.

- Anatole, donne un coup de pédale jusqu'à la caserne des pompiers, et rameute le Léon avec sa boîte à punaises, et gros Louis à la scierie, avec sa scie musicale !

- On va mettre le feu comme ils disent, pas vrai compère ??

- Une fois ce n’est pas une coutume !

- Bon disons que vous allez faire la première partie, le lever de rideau, comme on dit, ça laissera le temps au Clapier d'arriver !

- L'ouverture du clapier mon cadet, ouvrez ouvrez le clapier au poivrot, regardez les se sauver c'est beau, les z'enfants si vous voyez des p'tits lapins prisonniers, ouvrez leurs la porte vers la liberté ...

- Imbécile ! Vas chercher ta trompette !

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Jadis il Ă©tait un roi elfe
Un seigneur de l'arbre et des vallons
Quand l'or Ă©taient les rameaux printaniers
Dans LOTHLORIEN la belle

Du mât à la mer , on le vit s'élancer
Comme la flèche de la corde
Et plonger dans l'eau profonde
Comme la mouette en vol

Le vent Ă©tait dans ses cheveux flottants
Sur lui brillait l'Ă©cume
De loin , ils le virent fort et beau
S'en aller, glissant tel un cygne

Mais de l'ouest n'est venu aucun message
Et sur la rive Citérieure
Nulle nouvelle n'ont plus jamais entendu
Les elfes d'AMROTH




ni bâton renifleur, ni couronne


j'Ă©tais lĂ  ... avant ...maintenant ailleurs, et bien content d'y ĂŞtre !

un roi est passé ....
 
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David GILLE
Ecrit le: vendredi 12 octobre 2007, 00:11


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Au fur et à mesure qu'on avança dans l'après midi, les choses semblèrent s'arranger. Ed Clapier Junior fit son apparition, passablement éméché, mais pouvant encore servir. A 20 H, tout était rentré dans l'ordre.

Tandis que la grange s'emplissait des convives sur leur trente-et-un, et que certaines femmes s'étaient même parfumées pour couvrir les miasmes d'étable incrustés dans leurs vêtements pour toute éternité, Jean Cerisier, alias Johnny Cherrytree, le chanteur des Mamayes and the Papayes, attaqua les grands standards du rock (lesquels, pourtant, ne lui avaient rien fait). Bien qu'usant les planches de la région depuis quarante ans, banane, rouflaquettes et estomac au vent, Johnny Cherrytree était totalement insensible aux beautés de la langue de Shakespeare. Il chantait donc le tout en yaourt, langue internationale. C'est ainsi que "Shake, rattle and roll" devenait "Chèque, râteau, casserole", "Sweet little sixteen" se transformait en "Suite chapelle Sixtine", et "Johnny be good" devenait "Jaunis bigoudis". Mais ça balançait sec quand même.

Vers 21 H, la salle était presque pleine. L'ambiance montait au fur et à mesure que le niveau, dans les verres, baissait. Yolande Pichon, maquillée à la truelle, sans cesser un seul instant de minauder, aidait Albert Dufermage à les remplir.

On s'observait, on se jaugeait, on se commentait. Pierrette Crochu, en particulier - très élégante dans sa robe du soir coupée dans du tissu à rideau, coiffée d'un chapeau taillé dans un morceau de moquette mauve à fleurs jaunes surmonté d'une plume de poulet - attirait tous les regards. Sur son opulente poitrine, elle avait épinglé une figurine Mickey-Mouse sortie d'une ciste qu'elle avait trouvée par hasard derrière son auge à cochons.

Les membres de la famille Abdul-Ben-Moussah, qui avaient cru qu'il s'agissait d'un bal masqué, étaient venus déguisés en dromadaires. Le Père Manganate, curé du village, et son bras droit, l'Abbé Tysumène, étaient venus avec Josiane Courtecuisse, flottant dans une robe très osée, signée "La Redoute", qui lui dévoilait ses chevilles et ses poignets. Edmée Moulière et son mari Firmin, l'ancien maire de St Marcelin-sur-Poulaire, entourés d'une cour de fidèles, parlaient politique en éclusant des pastis.

Inès Perret, la femme du maréchal des logis chef, se laissait gentiment draguer par le docteur Tchékoff et s'esclaffait à chacune de ses saillies. Madame de Dufiloir-Maltembert, en robe Yves St Laurent et bijoux Chaumette (desquels elle avait laissé pendre les étiquettes de prix), passait de groupe en groupe afin que tout le monde ait une chance de la saluer. Omar Chécouver, l'épicier, passait entre les convives et essayait de leur vendre des sachets de cacahouètes.

On s'amusait, on riait, on reprenait en choeur l'immortelle chanson "Constantin avait le doigt si long" et on s'attrapait par la taille pour valser.

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